Les clés de l’Agriculture en devenir

Les clés de l’agriculture en devenir

 

1. L’agriculteur: chef d’entreprise autonome

2. Les trois pôles clés de l’agro-industrie

3. La R & D au service de l’agriculture : une nouvelle dynamique collabor’active

4. L’agriculture est devenue le premier gisement d’économie circulaire

5. L’innovation ouverte, nouveau levier de création de valeur agricole

6. L’agriculture irrigue les zones urbaines

  1. L’agriculteur : chef d’entreprise autonome

Dans les années 2030, on peut parler d’une agriculture de type Bottom-Up, façonnée par les besoins naturels des cultures ou des animaux, et réalisée en pleine conscience par un agriculteur maître de ses choix, tant en ce qui concerne ses pratiques que ses partenaires professionnels.

On ne parle plus d’agro-écologie puisque de toutes façons, toutes les formes d’agriculture pratiquées sont agro-écologiques.

L’agriculteur qui s’installe commence par établir un diagnostic de son environnement naturel, et des ressources offertes par celui-ci pour le type de production envisagé.

  • Il choisit les variétés les plus appropriées à son écosystème
  • En fonction du milieu naturel, il choisit également ses OAD et son programme de bio-accompagnement (biostimulants, faune auxiliaire, ….), et sélectionne lui-même ses fournisseurs sur les différentes plate-forme disponibles, en fonction de critères qui lui sont propres.
  • En élevage, l’éleveur qui s’installe a l’obligation de disposer d’une surface fourragère minimale étudiée selon sa production ou sa combinaison de productions, pour lui permettre de subvenir à l’essentiel de ses besoins en alimentation.
  • L’agriculteur est connecté en temps réel via des remontées d’information précises à ses cultures, ses animaux, ses sols, ses bâtiments d’élevage et ses robots. Il a donc organisé son système de production de façon à pouvoir intervenir non seulement au moment le plus juste mais aussi de la façon la plus juste, ce qui lui permet d’approcher au mieux une rentabilité optimale pour chaque opération.
  • Concernant la commercialisation de leurs produits, les producteurs ont aussi pris la main progressivement pour une bonne partie des produits alimentaires consommés en France, grâce à deux types d’organisations collaboratives :
  • Marques de producteurs : le succès des premières marques créées par des producteurs telles que « Ce Lait », « C’est qui le patron », « Bleu Blanc Coeur», a inspiré la création de toute une gamme de marques permettant de garantir la traçabilité des produits. Ces marques sont particulièrement recherchées par les consommateurs urbains, ou plus globalement pour la consommation de produits non produits localement.
  • Points de vente créés à l’initiative d’un producteur ou d’un groupement de producteurs, pour la vente locale de leurs produits.
  • Parallèlement à ces deux circuits de commercialisation, l’agriculteur a le choix entre différentes plate forme de distribution à domicile en circuits courts, pour assurer un complément de revenu.

Agriculteur : un métier en expansion ?

Le métier d’agriculteur est non seulement revalorisé mais il devient un des métiers les plus respectés

  • Un métier reconnu comme ayant des répercussions positives sur l’environnement de vie de tous:
  • Création d’espaces de culture intra-urbains: gisements de chlorophylle et de dépollution.
  • Protection des nappes phréatiques : les agriculteurs situés sur les bassins de captation d’eau, sont engagés vis-à-vis des professionnels de la distribution d’eau potable au travers de partenariats garantissant l’absence de rejet de substances toxiques dans le sol. Au contraire les nouveaux systèmes de production valorisent les déchets verts destinés à entretenir la biodiversité et la richesse des sols de façon raisonnée.
  • Un métier d’expert, qui combine connaissances agronomiques, maîtrise d’outils technologiques de pointe et gestion.
  • Un métiers qui, après des années de surendettement critique, a bien réussi à limiter sa dépendance vis-à-vis des banques, grâce au succès des plate formes de financement participatif dédiées. Le grand public en effet a pris conscience de son intérêt à soutenir la production et la distribution d’une alimentation saine et facile d’accès, plutôt que la recherche destinée à guérir ou ralentir la progression de maladies provoquées par une alimentation inadaptée ou un environnement pollué.

L’agriculteur, chef d’entreprise, gère toute sa chaîne de production de valeur

L’agriculture de demain est dictée par le terrain en temps réel, personnalisée et adaptative.

On est passé d’une agriculture de compromis entre intuition et contraintes celle des années 2000, à une agriculture de convictions en toute liberté, celle des années 2030

  1. Les trois pôles clés de l’agro-industrie dans les années 2030

Les OAD sont programmés pour alerter en temps réel l’agriculteur d’un besoin identifié, puis lancer automatiquement l’opération concernée dans un timing et dans des conditions optimisées.

Les produits utilisés pour nourrir les productions ou les protéger sont exclusivement naturels (bio-intrants) et issus d’observations et expérimentations in situ.

Les progrès de l’intelligence artificielle ont permis de comprendre comment exploiter le métabolisme de centaines de micro-organismes, d’insectes ou de rongeurs, ou encore d’huiles essentielles, en fonction de telle ou telle problématique phytosanitaire à résoudre.

Concernant la destruction des adventices, qui apparaissait comme une impasse au début du siècle compte tenu de son incompatibilité avec la santé de l’écosystème environnant, le problème a été résolu avec la vulgarisation de robots « intelligents » équipés de buses capables de cibler très précisément les espèces nuisibles, pour leur projeter deux armes principales :

  • Rayons laser
  • Eau bouillante enrichie d‘huiles essentielles sélectionnées en fonction de chaque contexte.

La vulgarisation de pratiques telles que la culture sous couvert, la permaculture ou encore l’agro-foresterie a également largement diminué le problème des adventices qui s’était développé dans le contexte de monoculture.

Les fournisseurs de l’agriculteur sont parallèlement sources d’activités complémentaires pour ces agriculteurs (élevage d’insectes ou  de micro-organismes, partenariats en R&D)

  1. La R & D au service de l’agriculture : une nouvelle dynamique collabor’active

Les laboratoires de recherche agronomique sont des écosystèmes reconstitués, dans lesquels on étudie les interactions entre des sélections d’espèces définies, situées dans des environnements également bien cadrés.

L’importance accordée à la R&D chez les fournisseurs de l’agriculture a augmenté significativement et implique davantage l’agriculteur

L’intégration de panels d’agriculteurs testeurs dès les premiers stades de la recherche permet aux nouvelles solutions d’être adoptées en masse beaucoup plus facilement qu’autrefois où l’agriculteur, sollicité de toutes parts et méfiant, attendait la caution d’acteurs indépendants commercialement.

Il n’est plus question d’Autorisation de Mise sur le Marché ni de règlementation sur les doses de produit autorisées, mais simplement d’adoption ou non de pratiques et d’outils, à adapter ensuite sur le terrain par chaque agriculteur en fonction de sa propre connaissance de son écosystème de production.

Le développement de solutions innovantes se fait ainsi de façon beaucoup plus agile, expliquant en partie l’évolution très rapide des pratiques agricoles ces dernières années

L’écosystème des fournisseurs de l’agriculteur est lui-même interconnecté : les fournisseurs d’OAD fonctionnent en synergie avec les fournisseurs de biostimulants, auxiliaires, robots, … et tous cherchent à se faire référencer par les logiciels de gestion de l’exploitation agricole les plus performants, ces derniers privilégiant les partenaires dont ils peuvent prouver l’intérêt économique pour les utilisateurs.

  1. L’agriculture en 2030 est devenue le premier gisement d’économie circulaire

AUTONOMIE ENERGETIQUE

La majorité des agriculteurs sont équipés d’un méthaniseur individuel leur permettant de couvrir une partie de leurs besoins en énergie

  • Des appareils légers, faciles à mettre en œuvre et à piloter par l’agriculteur lui-même, sont issus des dix dernières années de recherche sur le sujet.
  • Comme les imposants méthaniseurs ancienne génération, ces méthaniseurs individuels fonctionnent aussi bien avec des effluents d’élevage qu’avec des déchets verts (couverts intercultures ou déchets divers de productions végétales), ou encore des déchets alimentaires. Il suffit de les alimenter en lombrics surtout au moment du démarrage, puis de suivre un protocole qui permet d’entretenir la fermentation en conditions optimales.

Les plus gros méthaniseurs partagés entre plusieurs exploitations, se sont également développés, la vente de l’énergie produite assurant un revenu complémentaire aux agriculteurs

L’énergie solaire sert à chauffer les habitations et bâtiments d’élevage, ou alimenter les robots et machines qui assurent les travaux des champs

Les chaudières à bois se sont largement développées, apportant l’appoint ou la contribution principale au chauffage des fermes

SECONDE VIE SYSTEMATIQUE POUR LES DECHETS ORGANIQUES

  • Pour éviter le gaspillage qui, au début du siècle, faussait les donnes de la production agricole effective, de nombreuses études ont été menées sur le potentiel de différents types de déchets
  • Les déchets organiques sans valeur reconnue et qui ne conviennent pas aux méthaniseurs servent à fabriquer du compost
  • En revanche, de nombreux déchets se sont révélés riches en matières premières répondant à des besoins industriels ciblés et sont recyclés en conséquence. Par exemple les noyaux de certains fruits peuvent être exploités dans deux domaines : les huiles pour l’industrie cosmétique et le résidu sec riche en protéines pour l’alimentation animale.

L’agriculture utilise une combinaison d’énergies renouvelables, généralement produites sur leur lieu de consommation

  1. L’innovation ouverte, nouveau levier de création de valeur agricole

Le Cofarming se décline sous de multiples dimensions

  • Les agriculteurs fonctionnent en réseaux ouverts pour optimiser l’usage de leur matériel ou de leurs parcelles
  • Ils se regroupent pour assurer la transformation et la distribution de leurs productions en circuits courts, de façon à rester maîtres de ce qu’achètent leurs consommateurs et leur assurer une traçabilit
  • Localement, ils partagent également leurs expériences pour faire évoluer les connaissances et le perfectionnement des pratiques innovantes

La collaboration entre fournisseurs et agriculteurs pour la mise au point de nouvelles offres directement sur le terrain, permet aux fournisseurs d’économiser du temps de R&D, et aux agriculteurs de pouvoir bénéficier plus rapidement de solutions destinées à optimiser la rentabilité de leur travail.

  • Par ailleurs, en externalisant certains postes chez l’agriculteur, le fournisseur optimise ses coûts de développement tout en apportant de nouvelles sources de revenus aux agriculteurs.

La co-créativité existe aussi entre experts urbains et agriculteurs : les municipalités emploient des agriculteurs urbains qui  cultivent au sein des villes et assurent la distribution de leurs productions auprès de la population environnante : non seulement ces agriculteurs urbains fournissent des aliments de qualité aux citadins, mais ils améliorent leur cadre de vie, réintroduisant en ville un nouveau design architectural,  de l’oxygène et de la chlorophylle.

Enfin, le consommateur est également impliqué dans cette dynamique co-créative avec l’agriculteur, qu’il aide à s’installer ou à se développer en participant au financement de ses projets.

  1. L’agriculture irrigue les zones urbaines

Insérés dans les villes, des paysages agricoles urbains

  • Progressivement et à la demande des consommateurs, les municipalités des grandes villes ont transformé certains espace verts municipaux ou remplacé des bâtiments désaffectés par des surfaces de production agricole.
  • Ainsi est né un nouveau métier, celui d’agriculteur urbain, dont la mission est de mener à bien les productions, leur récolte, éventuellement leur transformation, et leur distribution auprès des citadins environnants.
  • L’agriculture est ainsi intégrée dans la vie des citadins qui, prenant conscience de ce qu’est le travail agricole, le respectent facilement.
  • Ces fermes situées près ou à l’intérieur des villes, produisent principalement des produits frais, peu ou pas transformés. La plupart d’entre elles fonctionne sur un modèle de permaculture, fortement créateur d’emplois. La permaculture a en effet connu un réel essor avec la mise au point, par une société experte dans le recueil de données spatio-temporelles, d’une sonde révolutionnaire : laissée une semaine dans un espace donné, elle analyse les interactions entre les espèces vivantes, le sol et l’air de l’écosystème naturel, puis fournit diverses options de schémas de production possibles en permaculture.

Le milieu rural reste privilégié pour les grandes cultures et les élevages de grands animaux

  • Des grandes surfaces mais avec un parcellaire redistribué par rapport à autrefois, pour mieux intégrer la biodiversité : la gestion des haies est étudiée pour abriter la faune auxiliaire souhaitée. De plus les petites surfaces sont plus adaptées au cycle de travail des robots.
  • Des surfaces presque toujours vertes, du fait des intercultures, des cultures sous couvert, de l’agroforesterie et des semis directs
  • En bouts de champ, des petites constructions en matériaux recyclables abritent les robots en dehors de leur cycle de travail, afin de limiter leurs déplacements.
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